Une réflexion centrale à propos de Syllabo, présente dès sa conception et qui est l'une des premières que l'on me pose lorsque je décris le concept: « Il passe déjà trop de temps derrière un écran, je voudrais qu’il fasse autre chose ». Je souhaite donc vous faire partager cette réflexion, qui dépasse le cadre de l'application pour entrer dans celui plus intime de l'éducation que nous souhaitons chacun pour nos enfants. La réponse de chacun est différente, je vous livre la mienne et ne peux que respecter la votre.

Des avantages indéniables, des effets négatifs à contrebalancer

Le support numérique offre des fonctionnalités que ne permet pas le support papier : adaptation à son interlocuteur, pluralité des médias, etc. Je suis parfaitement conscient des inconvénients des écrans par rapport aux enfants, des trouble de l’attention que cela peut engendrer en particulier et des risques d’"addiction". Je souhaite à l’avenir m’associer avec des pédagogues, des enseignants, des professionnels de différents domaines pour pallier ce problème en partie, en leur proposant une tribune sur ce blog, pour prodiguer aux parents des conseils par rapport à ce temps que nous passons tous - et pas uniquement nos enfants - devant les écran, à proposer des méthodes de relaxation et de méditation pour travailler cette concentration qui est clairement attaquée par notre utilisation des nouvelles technologies. Et également à offrir un forum entre parents qui puissent témoigner et discuter de telle ou telle méthode en rapport avec l’éducation et le numérique.

Malgré mon année de naissance (1976), j’ai moi aussi grandi une partie importante de ma vie entourée d’écrans (dès le CE1), et il y a eu peu de jours depuis où je n’ai pas touché un clavier, assistant aux premières loges à la révolution numérique et internet dans laquelle nous baignons désormais. Je connais aussi bien que n’importe qui les effets à long terme d’un temps prolongé passé devant un écran – à plus forte raison devant des images rapides, et mon métier obligeant (développeur), j’ai dû apprendre à me réapproprier une faculté d’attention et de concentration à long terme, qui avait été loin de m’être profitable pendant ma scolarité en particulier au lycée. (Étonnamment, c’est en lisant des livres écrits par des gens de la tech ainsi qu'en lisant des articles de blog de cet écosystème que j’aurai le plus appris du côté de la réappropriation de son attention et de sa concentration).

Syllabo n’est pas une fin en soi, mais je souhaite que l’application s’inscrive dans un puzzle plus vaste, en complément de l’école, de la lecture et d’autres activités culturelles.  Et je destine ce blog à être la pierre angulaire de l’écosystème Syllabo, afin d’expliquer la démarche de l’application. En aucun cas, Syllabo n’est là pour « remplacer l’école », mais pour offrir un complément au travers de méthodes alternatives – et comme esquissé dans le premier article, en utilisant ces mêmes méthodes perverses qui nous scotchent, nous adultes à des jeux comme Candy Crush, ou qui scotchent nos ados sur des Fortnite ou des World of Warcraft.

Nager dans le sens du courant

La seconde raison, la plus importante... Je vais chercher les enfants là où ils sont déjà. Je ne pousse pas vos enfants devant l’écran, je suis persuadé qu’ils y sont déjà (une étude de 2016 montre qu’ils passent en moyenne trois heures par jour devant un écran en semaine, six heures par jour au total arrivés en sixième). S’il était possible de les amener collectivement au travers de livres à acquérir les premières briques de culture générale, je n’aurais pas d’application à construire, tout serait déjà fait. Oui, il y a des exceptions isolées et si votre enfant grandit coupé de tout support numérique, c’est très bien. Pour ma part, la dernière fois que j’ai fêté l’anniversaire de Simon, mon garçon de 7 ans, à la maison avec ses copains (tous n’étant pas dans les mêmes écoles), ils m’ont fait collectivement 4 ou 5 danses de Fortnite différentes sans hésiter, c’est à ce moment que j’ai aussi réalisé à quel point un jeu qui est sorti il y a tout juste un an était devenu un phénomène culturel à lui seul dans les cours de récré de primaire.

Si ce temps passé devant les écrans pouvait être transformé – au moins en partie - en quelque chose de divertissant pour nos enfants (indispensable pour rivaliser avec les youtubeurs qui se font de l’argent en se filmant en train de jouer à des jeux en ligne et ayant pour principale cible marketing des enfants / pré-ados / ados – on vous voit -  ou à des jeux qui ont tout compris en matière de fédération de communautés), tout en les faisant réfléchir, en leur apprenant de nouvelles choses qui leur seront utiles – ou non, après tout, la culture est sa propre récompense - alors l’objectif de Syllabo aura été atteint.

Jouer collectif ?

Au-delà de la bonne parole que je souhaiterais voir portée par des professionnels sur ce blog, le rôle du parent est central dans l'application - non, je ne vous demanderai pas (beaucoup de) votre précieux temps, plus exactement je vous demanderai celui que vous voulez bien y mettre.

  • Que certains jeux soient collectifs « localement », et que le parent participe par moments – et seulement de manière optionnelle – à certains jeux, un peu à la manière d’un « Puissance 4 » qui se jouerait à deux. L’enfant serait confronté à son parent de manière asymétrique (les deux ne joueraient pas avec les mêmes règles exactement, ou avec le même niveau de difficulté, afin que les chances soient égales sans que l’adulte ait à « faire exprès » de laisser l’enfant gagner).
  • Le contrôle parental renforcé : je suis parfaitement conscient de la problématique de l’enfant non seulement face aux écrans mais de surcroît connecté à une application potentiellement communautaire comme Syllabo. Ce contrôle parental se traduira de plusieurs manières : un ensemble de statistiques mises à la disposition du parent : suivre combien de temps l’enfant passe sur le jeu – depuis le début ou en moyenne par jour de la semaine, la progression de l’enfant dans l’histoire principale ainsi que dans les jeux annexes, les statistiques par jeu, etc. Ceci lui permettra d’affiner par lui-même le temps qu’il souhaite que son enfant passe devant l’écran et éventuellement l’oriente sur des parties du jeu qu’il estimera être davantage préférables par rapport à ses acquis. Syllabo sera de ce point de vue là un outil d’aide à la décision précieux pour le parent.
  • Il sera aussi question de croiser d’autres enfants à un moment ou un autre : avoir une liste de contacts pour l’enfant sera possible, de la manière suivante : l’enfant fait une demande d’ami à un enfant. Cette demande n’est pas transmise à l’enfant mais à son parent. Celui-ci doit alors transmettre cette demande au parent de l’enfant avec lequel son enfant souhaite devenir ami, qui accepte ou non définitivement la demande de contact. Ceci permet de s’assurer que les parents de chaque côté sont d’accord pour que leurs enfants respectifs aient des amis sur Syllabo.

Effets des écrans sur l'enfant - et l'adulte

Il reste, concrètement, la question des effets bénéfiques et néfastes qui surviennent lorsque vous exposez votre enfant à un écran / dans un jeu vidéo / en ligne. Il s'agit de trois questions très différentes en réalité, et je vous proposerai dans une seconde partie un petit condensé de différentes études liés aux effets du monde télévisuel numérique moderne sur nos enfants), matinées d'expériences personnelles.